La légende de la caravelle
Le premier symbole de St Petersbourg fut la flèche de l’Amirauté, en haut de
laquelle se trouve un emblème fort : une caravelle.
Pierre le Grand voulait un port, une entrée maritime pour les navires de
marchandises et de guerre. Quoi de mieux qu’une caravelle pour symboliser son
œuvre ?
Mais la légende raconte que la flèche de l’amirauté terminée, il ne se
trouvait personne d’assez fou pour accepter de grimper tout en haut afin de
fixer cette caravelle en or !
Alors, notre Tsar lança un appel à tous les ouvriers qui travaillaient sur le
chantier de sa ville. Celui qui accepterait cette mission périlleuse, se
verrait délivrer un laisser-passer tamponné de l’empereur lui même et lui
offrant l’accès gratuitement à toutes les tavernes de la ville.
Les français sont connus pour leurs vins, et les russes pour leurs vodkas.
Et bien, il en fut un, dégustateur passionné de ce nectar, très souvent
titubant et pas toujours très lucide, qui se dit qu’il y avait là une belle
aubaine à saisir. Il se présenta, tant bien que mal (il faillit tomber à 3
reprises), à son Tsar et proposa ses services.
La légende ne dit pas comment cet homme-là réalisa l’exploit de grimper en
haut de cette flèche, mais le résultat fut qu’il avait bel et bien réussi à
accrocher ce qui deviendra l’emblème fort de St Pétersbourg.
Pierre le Grand étant un homme de parole, il fit venir son greffier et
tamponna de son sceau le fameux laisser-passer.
Tout heureux de sa nouvelle acquisition, notre homme, qu’on va finir par appeler
Vladimir pour le personnaliser un peu ! Donc, Vlad’ s’en va vers une première
taverne pour essayer le pouvoir magique de son papier.
Après avoir usé et usé encore et encore de l’effet magique du tampon
impérial, arpentant les nombreuses enseignes (licence IV) de sa ville, Vladimir
se réveille au petit matin dans le caniveau, endormi et surtout démuni de son
précieux laisser-passer.
Tout penaud, il ose retourner voir son Tsar, en se disant que, quand même,
il lui avait bien rendu service, un tampon de plus ou de moins, c’est vite fait
!!
Pierre, dans sa grande générosité lui concède un nouveau laisser-passer tout
fraîchement estampillé et lui dit bien de faire attention cette fois-là de ne
pas le perdre.
Quand les femmes vous disent après, Messieurs, que vous êtes distraits, la
preuve en est à nouveau faite par ce Vladimir !! Parce qu’après une nouvelle
nuit à brandir son tampon magique aux yeux effarés de tous les aubergistes de
la cité, notre ami se réveille encore une fois, le matin, la bouche pâteuse,
les cheveux lui poussant un l’intérieur du crâne et toujours sans trace de son
précieux laisser-passer !!
Qu’à cela ne tienne, il est audacieux notre Vladimir : il retourne voir son
Tsar !
Pierre le Grand, qui lui est un homme qui sait tirer des leçons d’une
expérience, fit venir un tatoueur quand réapparut notre brave Vladimir !! Le
tampon royal fut graver à même la peau du cou de notre ami pour qu’il n’ait
plus jamais à perdre son laisser-passer.(hormis en y perdant la tête, mais
Pierre le Grand ne nous avait pas encore copié l’idée de la guillotine !!)
Désormais, notre Vladimir n’avait qu’à se présenter devant l’auberge, et
tendant le cou vers le videur, il faisait une pichnette sur son tampon tatoué
pour voir s’ouvrir devant lui les portes de son paradis terrestre.
Pourquoi toute cette histoire ? Celle-ci explique comment la flèche de l’amirauté s’est vue doter de sa caravelle, mais il y a aussi l’explication d’un geste russe, que vous pourrez voir en soirée lorsque tout le monde commence à être « piani » (=saoul !). Grâce à Vladimir les russes ont en effet trouvé leur geste pour désigner quelqu’un d’un peu beurré, ils font une pichnette sur le cou, de la même manière que les français, eux, se tournent le poing autour du nez !
Histoire tirée de www.batiweb.com